Après des années de gestation (Justice League Mortal réalisé par George Miller qui n’a jamais vu le jour), Justice League voit enfin le jour alors que le DC Universe s’est installé depuis 2013 et Man Of Steel. Depuis, Batman V Superman, Wonder Woman et Suicide Squad sont sortis.
NOTE D’INTENTION
Justice League a rencontré des problèmes de production. Sans surprise, les films DC depuis Man Of Steel sont systématiquement comparés aux films Marvel; Evidemment, à part adapter des comics et créer un univers étendu, il y a d’autres critères de comparaisons. Ce n’est pas la politique du site de descendre ou d’asseoir une polémique mais les films DC ont plus d’identité que les films Marvel… mais ne réussissent jamais à plaire au plus grand nombre.
Pourtant, les chiffres parlent. BvS, Wonder Woman et Suicide Squad ont dépassé les 300 millions de dollars, chose rare chez Marvel pour leurs premiers films. Mais objectivement, il y a plus souvent des défauts marquants chez DC qui occultent les qualités évidentes.
Justice League devait réparer les erreurs de ton de BvS. Zack Snyder était toujours à la barre et se devait de proposer un film moins brouillon, plus susceptible d’être une réussite plutôt qu’un bon film car la nuance existe. On peut réussir sans éclat (Marvel). Et quand on apprenait que Zack Snyder se détachait du projet et de la post-production pour faire le deuil de sa fille tragiquement disparue et qu’il était remplacé par Joss Whedon (réalisateur des Avengers), on comprenait vite que le projet allait subir des remaniements. BvS a réussi à redorer son blason avec un Extended Cut qui effaçait quelques faiblesses du montage cinéma. Pour Justice League, les reshoots étaient quelque chose qui allaient marquer le projet.
https://twitter.com/ZackSnyder/status/837091636010110976
Last day filming in the UK. It has been an amazing shoot. Big thanks to everyone involved! #JusticeLeague pic.twitter.com/TEjEdlo81u
— Zack Snyder (@ZackSnyder) October 7, 2016
Le casting a été rappelé pour 15 % de scènes. Problème? Ben Affleck n’avait plus le même physique et Henry Cavill arborait une moustache pour Mission Impossible qu’il ne pouvait pas raser par contrat. Les débats faisaient rage : allait-on laisser tranquille un film DC pour une fois? Suicide Squad a connu un remontage, Wonder Woman la perte de sa réalisatrice et BvS a surtout connu un marketing très bancal.
Au final, le verdict devait tomber dans les salles, Justice League allait-il être un pétard mouillé ? Un film schizophrène, vision de deux réalisateurs et de la production ?
CRITIQUE
Justice League n’est pas raté, il est simplement le fruit d’un problème créatif. Snyder a fait son montage (qu’on verra peut-être un jour?), Whedon a fait le sien, chapeauté par Warner qui a encore mis beaucoup trop ses mains dans le cambouis. La première bande-annonce montrée ne contient pratiquement que des scènes absentes du film fini. Whedon à la barre, le film a perdu aussi son visuel. La seconde bande-annonce montrait des différences de tons et de couleurs. Et après moins de 2h de film, on sort de la salle peu déçu mais frustré.
Si l’équipe fonctionne bien, que chacun a sa place et sa petite scène à lui, si le film n’est pas plongé dans une image nocturne et grise, si le film parait moins plombé par une ambiance morne, il y a un détail qui choque : c’est moche. Avec une production à plus de 250 millions de dollars, on s’attend à une production de qualité. Si BvS avait de la gueule, JL joue dans une autre cour. Oubliez les plans iconiques, le film n’en contient pratiquement aucun si ce n’est les rares plans de Batman de nuit et un ou deux plans de Flash et Aquaman déjà vus dans les trailers. Steppenwolf, le grand méchant, n’est pas si raté que ça. Il est tout numérique et rejoint Doomsday et Arès dans la lignée de créatures en CGI qui font le taf à défaut d’être impressionnantes. Les scènes d’action sont aussi réussies même si un poil trop découpées. Non, ce qui est choquant, c’est notre ami Superman.
Sur Man Of Screen, on parle avant tout de lui et il faut l’avouer, ses scènes sont rarement réussies. Il y a un problème de forme puisque la majeure partie des scènes avec Superman sont issues de reshoots. Il y a donc la moustache de Cavill qui devait être effacée numériquement. Si on ne connaît pas l’histoire, on ne se rend compte de rien si ce n’est d’un lissage trop forcé sur le visage. Mais au courant de cette moustache, vous tiquerez sur quelques mouvements hasardeux. Mais ce n’est pas le gros défaut. On n’y prête que peu d’attention. C’est surtout que Superman n’a aucune prestance et pue le numérique. Son réveil est raté et ses combats sont expédiés. On ne voit qu’un avatar numérique sur l’écran. Et comme Superman n’a que deux scènes d’action, comprenez qu’on n’est forcément déçus !
Superman n’a pas grand poids dans le film, il fait pencher la balance pour le résultat final du combat mais l’aura qu’il a – et qui est pourtant rabâchée dans les dialogues – ne s’impose pas suite à son réveil. Le problème de MoS et BvS était que Superman n’est jamais présenté au public. Son image a donc été créée hors de l’écran. L’impact de son absence dans le monde a été créé artificiellement ! L’ajout d’une scène au début du film sur un enfant qui filme Superman et lui demande ce qu’il retient de la planète Terre était une vision plutôt iconique, plaisante et vraiment bien trouvée… mais qui n’a aucun poids sur le métrage. Même la scène finale de Superman ne rend aucune justice à la dimension qu’elle devrait avoir.
Sa relation avec Lois est aussi bancale. Malgré les efforts d’Amy Adams, on ne sent plus rien entre eux. Elle n’a que des discours plats et des dialogues qui frôlent la faute professionnelle. Le retour de Superman est donc le vrai pétard mouillé du film, et sa place n’a jamais été clairement définie à l’écran. Et dans Justice League, tout se passe en catimini. L’ambition du projet, de l’histoire, des héros n’a aucun éclat.
Fin expédiée, nombreuses scènes coupées, personnages sacrifiés, Justice League perd en identité ce qu’il gagne en sympathie. C’est un produit dans le sens peu noble du terme. Encore une fois, un film DC fait débat. Combien en faudra-t-il encore ?
Les fans ont réclamé alors le Snyder’s Cut, la version que Snyder aurait sorti s’il ‘n’avait pas été écarté du tournage. En 2001, cette version a été disponible.